vendredi 19 avril 2024

ALGERIE-MAROC : liaisons dangereuses

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Ali Graïchi

 

  Pour contrer la convergence Amazigh des peuples en Tamazgha, et après l’invitation avec tapis rouge à Alger des islamistes Rached El Ghenouchi et Abdelilah Benkirane par l’islamiste Bouteflika.

 

  Les relations entre l’Algérie et le Maroc entrent dans une phase singulière depuis l’avènement des islamistes au pouvoir. Aucun gouvernement autre que celui de M. Benkirane n’a pu obtenir autant de visites, en si peu de temps et à un tel niveau.

 

  Cette fois c’est le ministre de l’éducation algérien M. Benbouzid qui a invité son homologue marocain Mohamed Al Wafa.  L’Algérie et le Maroc ont signé ce mardi à Alger « un mémorandum d’entente dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement, prévoyant un échange d’informations et d’expertises. » qui devrait porter sur «  le développement et l’amélioration des programmes éducatifs, l’élaboration des manuels scolaires et l’utilisation des moyens d’enseignement.»

 

  Les anciennes approches gouvernementales, restées au stade protocolaire, se prolongent soudainement par un rapprochement concret sur le terrain de l’école et de la formation. Cette accélération est passée inaperçue en Algérie. En revanche, les milieux berbérophones marocains, qui ont pu faire faire des avancées considérables aux domaines de la culture, de l’information et de l’enseignement dans leur pays, ne cachent pas leur inquiétude. «Nous sommes assez circonspect sur une coopération portant exclusivement sur le terrain de l’enseignement», nous confie un chercheur de l’IRCAM (Institut royal de la culture amazigh au Maroc). C’est en effet au moment où le Maroc avance avec une certaine audace sur des questions sociétales ( amazighité, judaïté, nouvelle dénomination de l’UMA…) que les conservateurs arabo-islamiques algériens et marocains essaient de conjuguer leurs efforts pour peser ensemble sur un dossier où le FLN a montré les posions les plus rétrogrades de la région . Pour leur part, les islamistes marocains, qui ont dû faire bon cœur contre mauvaise fortune lors de l’adoption de la nouvelle constitution, viennent de provoquer une violente polémique en demandant au ministre de la communication (islamiste) de régenter la publicité et les programmes de la télévision selon des normes plus rigoristes.

 

  Le fait est que les frontières terrestres qui sont toujours fermées entre l’Algérie et le Maroc n’ont pas empêché la convergence de départements ministériels que les fondamentalistes ont partout investi en priorité à chaque fois qu’ils accèdent au pouvoir.

 

  Le pouvoir algérien qui joue du chantage à l’islamisme à l’intérieur n’a jamais manqué une occasion de booster cette tendance pour renforcer son hégémonie sur la société. Il semble que, tout en criant au loup après l’avènement de gouvernements islamistes à Rabat et Tunis, Alger s’apprête à engager une vraie convergence  nord-africaine avec eux pour se bloquer ou, du moins retarder, une perspective démocratique sur la région.

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