samedi 20 avril 2024

La Corée du Nord rate le tir de sa fusée

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Lareleve.ma-AFP

 

  La Corée du Nord a raté vendredi le tir d’une fusée qui devait mettre en orbite un satellite d’observation terrestre, une « provocation » dénoncée par la communauté internationale qui a suscité la convocation en urgence du Conseil de Sécurité de l’ONU.

 

  La Chine, principale alliée de la Corée du Nord, a déclaré ne pas avoir été prévenue par Pyongyang de son tir de fusée. Plus tôt, Pékin s’était contenté d’appeler au « calme » et à la retenue.

 

  « La République Populaire Démocratique de Corée (RPDC) a lancé son satellite Kwangmyongsong-3 (…) à 07h38m55s vendredi. Le satellite d’observation terrestre n’a pas réussi à entrer en orbite », a reconnu l’agence officielle de presse KCNA, après un silence de plus de quatre heures. « Les scientifiques, les techniciens et les experts sont en train d’étudier les raisons de cet échec », a ajouté l’agence.

 

  Il s’agit de la troisième tentative ratée de la mise en orbite d’un satellite par la Corée du Nord, après deux échecs en 1998 et en 2009.

 

  Peu après le lancement, les Etats-Unis, et leurs alliés sud-coréens et japonais, ont annoncé que la fusée s’était désintégrée en vol peu après son décollage du Centre spatial de Tongchang-ri (nord-ouest), situé à une cinquantaine de kilomètres de la frontière chinoise.

 

  « Les systèmes américains ont détecté et suivi le lancement d’un missile nord-coréen Taepodong-2 à 18H39 (22H39 GMT) », a annoncé le Commandement de la défense aérienne nord-américain (NORAD).

 

  Le premier étage de l’engin est tombé en mer à 165 kilomètres à l’ouest de Séoul en Mer Jaune. Les deuxième et troisième étages « n’ont pas fonctionné », a expliqué le NORAD, ajoutant que les débris étaient tombés en mer, sans jamais constituer une menace.

 

  Le Taepodong-2 est un missile balistique à longue portée que la Corée du Nord tente de mettre au point, déjà testé en juillet 2006 et en avril 2009.

 

  Les Etats-Unis, et ses alliés sud-coréen et japonais ont dénoncé ce tir comme une « provocation » du régime nord-coréen qui défie la communauté internationale. « La Corée du Nord ne fait que s’isoler davantage en se lançant dans des actes de provocation, et gaspille son argent en armes et en propagande pendant que les Nord-Coréens ont de plus en plus faim », a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney.

 

   Le club des pays riches du G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie) a dénoncé l’action de Pyongyang et appelé à une réponse « appropriée » de l’ONU.

 

  La Chine est restée muette vendredi pendant plus de six heures après le lancement de cette fusée par son allié, trahissant ainsi son embarras.

 

  « La Chine n’a pas été prévenue par la Corée du Nord du lancement de son satellite » vendredi, a déclaré le porte-parole de la diplomatie chinoise Liu Weimin.

 

  Plus tôt, Pékin avait sobrement appelé au « calme » et à la « retenue », affirmant avoir « pris note des réactions des parties concernées ».

 

  Nous espérons que toutes les parties vont garder leur calme, faire preuve de retenue et ne rien faire qui nuirait à la paix et à la stabilité de la péninsule (coréenne) et de la région », a déclaré le porte-parole de la diplomatie chinoise Liu Weimin.

 

  Un diplomate des Nations unies a indiqué que les 15 membres du Conseil de sécurité se réuniraient en urgence vendredi « pour décider des prochaines étapes » à envisager.

 

  L’ambassadeur russe à l’ONU, Vitali Tchourkine, avait expliqué avant le tir que tous les membres du Conseil étaient d’accord sur le fait que le lancement de la fusée nord-coréenne constituerait une « violation » d’une résolution du Conseil de sécurité adoptée en 2009, après le dernier essai nucléaire mené par Pyongyang.

 

  La résolution 1874 interdit à la Corée du Nord de procéder à des essais nucléaires ou balistiques.

 

  Pyongyang avait présenté ce tir comme le lancement d’une fusée Unha-3 devant placer en orbite un satellite civil d’observation terrestre de 100 kilogrammes. Le premier étage devait tomber en Mer Jaune, à l’ouest de la péninsule coréenne, et le deuxième étage à l’est des Philippines, en survolant une partie des îles d’Okinawa (sud du Japon).

 

  La Corée du Sud a précisé que le lanceur avait volé « une ou deux minutes avant d’exploser dans l’air », confirmant une information fournie plus tôt par le ministre japonais de la Défense.

 

  Selon Christian Lardier, spécialiste de l’espace à la revue française Air et Cosmos, l’échec s’est produit « au milieu du fonctionnement du premier étage ».

 

  « Selon le plan de vol, le premier étage de la fusée devait se détacher au bout de 120 secondes et retomber en mer Jaune à 460 kilomètres environ du pas de tir », a-t-il dit à l’AFP à Pyongyang.

 

   M. Lardier, qui est également membre de l’Académie internationale d’astronautique (IAA), a rappelé qu’il y avait en moyenne environ 75 lancements de satellites dans le monde chaque année. « Il y a quelques échecs par an. Mais en 2011, on a enregistré le chiffre record de 7 échecs », a-t-il dit.

 

  « Tous les pays ont connu des échecs. La Corée du Sud a fait elle-même deux tentatives, sans succès », a-t-il ajouté.

 

  Les autorités nord-coréennes espéraient faire coïncider la mise en orbite de leur satellite avec les festivités marquant le centième anniversaire dimanche de la naissance du fondateur de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), Kim Il-Sung, né le 15 avril 1912 et décédé en 1994.

 

  Des célébrations grandioses sont prévues dimanche dans la capitale Pyongyang sous la direction de Kim Jong-Un, héritier de l’unique dynastie communiste du monde, qui vient d’accéder cette semaine aux deux plus hauts postes du Parti du Travail de Corée.

 

 

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