vendredi 19 avril 2024

Syrie: plusieurs morts en dépit du cessez-le-feu

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Lareleve.ma-AFP

 

  Le cessez-le-feu en Syrie était fragilisé par des violences meurtrières quelques heures après son entrée en vigueur jeudi, l’opposition et le régime s’accusant de chercher à le mettre en péril.

 

  Trois civils ont été tués et des dizaines arrêtés par les troupes du régime dans plusieurs villes, a dit Basma Kodmani, porte-parole du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l’opposition. L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a fait état d’un civil tué à Hama (centre).

 

  La télévision officielle a quant à elle affirmé qu’un officier avait été tué et 24 personnes blessées dans une attaque menée par « des terroristes », appellation officielle des rebelles par les autorités qui ne reconnaissent pas la révolte lancée le 15 mars 2011 contre le régime de Bachar al-Assad.

 

  Le cessez-le-feu précaire est entré en vigueur à 03H00 GMT conformément au plan de l’émissaire international Kofi Annan, après l’annonce par le régime qu’il cessait les opérations militaires tout en prévenant qu’il riposterait à toute attaque de « terroristes ».

 

  Les troupes sont restées massivement déployées dans les hauts lieux de la contestation, le quotidien Al-Watan proche du régime affirmant qu’elles seraient retirées « dès que la sécurité sera rétablie ».

 

  « Nous constatons avec preuves à l’appui que les armes lourdes sont toujours dans les zones de population », a indiqué Mme Kodmani, tandis que l’OSDH ne constatait toujours pas de retrait de troupes, neuf heures après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu.

 

  La Russie, allié de poids du régime Assad, a appelé, comme la France, à l' »envoi le plus vite possible » d’observateurs pour surveiller l’application du cessez-le-feu, face au scepticisme de la communauté internationale qui a accusé maintes fois le pouvoir syrien de ne pas tenir parole.

 

  En raison des restrictions draconiennes imposées aux médias étrangers en Syrie, l’AFP n’est pas en mesure de vérifier sur le terrain le respect du cessez-le-feu ou les accusations des protagonistes.

 

  M. Annan, émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe, devait rendre compte de l’application du cessez-le feu devant le Conseil de sécurité de l’ONU à 14H00 GMT par vidéoconférence depuis Genève.

 

  Après l’annonce de l’arrêt des opérations militaires, le ministère syrien de l’Intérieur a appelé au retour des dizaines de milliers de Syriens qui ont trouvé refuge dans les pays voisins (Turquie, Liban et Jordanie), et promis une amnistie pour les hommes armés sans « sang sur les mains ».

 

  L’armée a maintenu une forte présence dans les centres urbains pour dissuader les gens de manifester, après avoir réprimé dans le sang les manifestations populaires qui ont marqué les premiers mois de la révolte avant que celle-ci ne se militarise.

 

  Les violences ont fait selon l’OSDH plus de 10.000 morts en majorité des civils depuis le début de la contestation.

 

  Le chef du CNS, Burhan Ghalioun, a toutefois appelé les Syriens à manifester pour réclamer le départ du régime car « s’exprimer est un droit absolu. Les manifestations sont un point essentiel du plan » en six points de M. Annan.

 

  Celui-ci stipule, outre le cessez-le-feu et le retrait des troupes des villes, la « liberté d’association et le droit de manifester pacifiquement ».

 

  L’appel de M. Ghalioun semble être un moyen de tester les intentions du régime. Ces protestations avaient diminué en intensité du fait du quadrillage des villes par l’armée.

 

  « Le vrai test sera vendredi, jour de manifestations (habituel), pour voir si les forces du régime vont tirer sur la foule », a indiqué Moaz, un militant des Comités locaux de coordinations (LCC), qui animent la contestation sur le terrain.

 

  « Si les gens manifestent massivement le régime trouvera un moyen d’évoquer à nouveau l’alibi des groupes terroristes pour tirer la foule », a indiqué un autre militant, Mahmoud Sayyed, à Deraa.

 

  M. Ghalioun a exprimé son scepticisme sur le respect du cessez-le-feu par le pouvoir. « Nous attendons pour voir, la journée n’est pas terminée, nous ne faisons pas du tout confiance au régime d’autant que les troupes ne se sont pas retirées encore ».

 

  Alors que la Chine, qui soutient le régime Assad, a estimé que le cessez-le-feu représentait « une étape importante vers une solution politique », les Etats-Unis ont prévenu qu’ils jugeraient Damas sur « ce qu’il fait, pas sur ce qu’il dit ».

 

  Le Premier ministre britannique David Cameron a demandé à Moscou et Pékin de se joindre à la communauté internationale pour « resserrer l’étau » autour du régime.

 

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