vendredi 29 mars 2024

DSK mis en examen pour proxénétisme en bande organisée

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Lareleve.ma-Agences

 

  L’ancien directeur général du FMI a été mis en examen hier soir par les juges d’instruction de Lille (Nord). Il est ressorti libre sous contrôle judiciaire.

 

  C’est une feinte judiciaire comme il en existe peu. Des précautions à la hauteur du coup de tonnerre politico-judiciaire, inédit en France, où jamais un personnage de cette envergure n’a été mis en examen pour « proxénétisme aggravé en bande organisée », une qualification criminelle passible de vingt ans de prison.

 

  Initialement convoqué demain, Dominique Strauss-Kahn, 62 ans, s’est rendu, hier, avec deux jours d’avance dans le bureau de Stéphanie Ausbart, Mathieu Vignau et Ida Chafaï, les trois juges d’instruction de Lille (Nord) chargés de l’affaire dite de l’hôtel Carlton de Lille.

 

  « Il déclare avec la plus grande fermeté n’être coupable d’aucun de ces faits et n’avoir jamais eu la moindre conscience que les femmes rencontrées pouvaient être des prostituées », a déclaré à la sortie de l’audition un de ses avocats, Me Richard Malka, dont le client est ressorti peu après 22 heures du palais de justice de Lille. Sous contrôle judiciaire et avec une version de 100 000 € à verser.

 

  Les trois magistrats explorent, depuis un an tout juste, les méandres d’un réseau qui a organisé des parties fines à Paris et Washington mais aussi à Vienne et Madrid, avec des prostituées rémunérées par le patron d’une filiale du groupe de construction Eiffage et le dirigeant d’une société de matériel médical. Un dossier où s’entremêlent les relations politiques, financières et policières, sur fond de libertinage.

 

  DSK était arrivé, sans que le procureur de Lille en soit averti, vers 14h30 au palais de justice en vue de son éventuelle mise en examen pour « complicité de proxénétisme aggravé » et « recel d’abus de biens sociaux ». Les juges ont finalement retenu une incrimination plus grave, le proxénétisme aggravé en bande organisée.

 

  Durant sa garde à vue les 21 et 22 février dernier, DSK a assuré que les femmes rencontrées lors de ces parties fines étaient « consentantes » et qu’il « ne pouvait savoir qu’il s’agissait de prostituées car ses partenaires lui étaient présentées par le commissaire divisionnaire Jean-Christophe Lagarde (NDLR : mis en examen dans ce dossier) ». Hier, les juges ont sans doute dû questionner DSK sur ce point crucial. Dans le dossier figurent plusieurs témoignages embarrassants, comme celui d’Anne-Marie, une call-girl belge, habituée des rencontres avec DSK à Enghien (Belgique) et à Washington (Etats-Unis). Cette prostituée a assuré aux policiers français et belges que DSK savait qu’elle était payée par des tiers. Elle a également indiqué que DSK voulait s’affranchir des « intermédiaires », que sont les chefs d’entreprise Fabrice Paszkowski et David Roquet, déjà mis en examen. Selon cette Belge, DSK aurait demandé à une de ses amies call-girl prénommée Aurélie « ses tarifs » pour des rencontres plus intimes. Aurélie, dont le site Internet propose des prestations particulières, a démenti. Les enquêteurs s’étaient demandés si une subornation de témoin n’a pu expliquer ses dénégations.

 

  Parmi les éléments à charge, il y a aussi ce SMS dans lequel DSK recommande l’une de ses partenaires à un ami en des termes peu délicats. Selon les enquêteurs, ce texto montre que DSK connaît la qualité de prostituée de cette femme. Après cette mise examen sans précédent, l’ancien favori du PS pour les Présidentielles est la neuvième personne poursuivie dans ce dossier sensible.

 

 

Quand s’occupait-il du FMI, demande Joly


 

  Eva Joly s’est demandé mardi quand Dominique Strauss-Kahn, mis en examen dans l’affaire du Carlton de Lille, avait le temps de s’occuper du FMI, vu « son emploi du temps avec les filles ».

 

  La candidate EELV à l’ELysée était interrogée par Canal + sur cette mise en examen. « Comment est-ce possible que, lorsqu’on est patron du FMI, on ait pu réunir des suspicions graves de proxénétisme en bande organisée ? C’est gravissime », a-t-elle commenté.

 

  « Le devoir d’exemplarité des hommes politiques est mis à mal et on peut se demander quand il avait le temps de s’occuper réellement du FMI quand on voit son emploi du temps avec les filles », a poursuivi celle qui fut juge d’instruction, à propos de l’ex-ministre socialiste.

 

 

  Pour sa part, François Hollande, n’a pas souhaité faire de commentaire sur la mise en examen de Dominique Strauss-Kahn pour proxénétisme dans l’affaire dite du Carlton de Lille. Interrogé sur l’antenne de France Bleu Nord, l candidat PS à la présidentielle a déclaré qu’il n’avait « pas de commentaire particulier » à faire. « C’est une affaire privée, pénible mais sur laquelle je n’ai pas de jugement politique à formuler », a-t-il simplement déclaré. 

 

  L’ancien ministre socialiste Dominique Strauss-Kahn a été mis en examen lundi pour « proxénétisme aggravé en bande organisée » et placé sous contrôle judiciaire. Ses avocats ont annoncé leur intention de faire appel.

 

  L’un des avocats de DSK, Me Richard Malka, avait déclaré lundi soir qu’en raison de « comportements qui ne devraient regarder que lui, M. Strauss-Kahn se trouve ainsi, en grande partie à raison de sa notoriété, jeté au bûcher et ce par un étrange hasard du calendrier, à moins d’un mois d’une échéance électorale majeure ». 

 

 

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