Martin Scorsese et Léonardo Di Caprio
Marc Fourny
Pourquoi changer une formule qui marche ? Après leur première rencontre pour Gang of New York en 2002, Leonardo DiCaprio et Martin Scorsese n’ont cessé d’enchaîner régulièrement les tournages (Aviator, Les Infiltrés, puis Shutter Island) avec, à chaque fois, un plaisir évident de travailler ensemble. « La confiance s’est installée », reconnaissait l’acteur, lors de la promotion de Shutter Island. « Nous partageons les mêmes goûts cinématographiques, le même engagement, la même envie de repousser les limites sur un plateau. »
Le duo de choc se reforme donc une cinquième fois pour tourner cette année The Wolf of Wall Street, un projet vieux de trois ans qui traînait dans les tiroirs, mais que le réalisateur n’avait pas trouvé le temps de mettre réellement en route. Il se trouve que l’agenda de DiCaprio offre une fenêtre de tir, son ami Marty a donc sauté sur l’occasion. Le Loup de Wall Street sera l’adaptation de l’autobiographie à succès de Jordan Belfort, un trader américain dont la chute fut aussi spectaculaire que sa fortune.
Véritable caricature des Golden Boys des années 90, Belfort brasse des millions, s’offre des prostitués à 10 000 dollars la nuit, sniffe de la cocaïne et aligne chaque mois des notes de frais à 500 000 dollars ! Diplômé en biologie, il devient rapidement un jeune loup de la finance, spécialisé dans les levées de capitaux et les introductions en Bourse. L’argent coule à flots, jusqu’à 50 millions de salaire annuel, parfois 12 millions gagnés en trois minutes ! Jet privé, hélicoptère, 22 domestiques et un yacht de 52 mètres : Belfort affiche tous les attributs vaniteux des nouveaux seigneurs de Wall Street.
Case prison
Cette vie de flambe dure dix ans jusqu’à son arrestation par le FBI en 1998, une interdiction d’exercer et la case prison pour fraude et blanchiment d’argent. La sentence tombe : 250 millions de dettes à rembourser à des milliers de clients abusés. C’est derrière les barreaux que Jordan Belfort écrit cette description hallucinante d’un capitalisme sauvage, dont Martin Scorsese achète les droits avant même la parution. Sexe, drogue, escroquerie et Nasdaq en folie : tous les ingrédients sont là pour bâtir une belle satire, avec Leonardo dans le rôle-titre, et un scénario signé Terence Winter, qui a écrit la série culte Les Soprano.
Et tant pis pour les fans qui attendaient avec impatience le premier tour de manivelle de Silence, le long-métrage sur lequel travaille Scorsese depuis maintenant six ans : un drame contemplatif décrivant les affres d’un évangélisateur jésuite dans le Japon du XVIIe siècle. Le réalisateur renoue avec une intrigue plus musclée, et sans doute plus vendeuse, après l’échec au box-office de Hugo Cabret, malgré ses cinq Oscars récoltés en février dernier.