Bachir Znagui
Dans la confusion qui a suivi les attentats du 11 septembre en Amérique, les manipulations politiques discriminatoires n’ont pas cessés à l’encontre des musulmans américains ou résidants. La communauté musulmane de cette mégapole américaine a fait l’objet de nombreux actes de ségrégation et de harcèlement. L’une des plus récentes opérations de manipulation concerne une vidéo destinée à la formation de la police New Yorkaise. « Le troisième jihad: la vision de l’islam radical pour l’Amérique », a été projeté « en boucle » devant au moins 1.489 policiers durant des sessions de formation à la lutte antiterroriste sur des périodes allant de trois mois à un an, au cours de l’année 2010.
Le support, produit par l’organisation Clarion Fund basé à New York, suggère que la majorité des musulmans américains exécutent secrètement « une stratégie pour infiltrer et dominer l’Amérique ». Le documentaire comprend des séquences vidéo d’atrocités prétendument tirées de sites islamistes extrémistes entrecoupées d’interviews et de photomontages montrant, notamment, un drapeau islamique flottant au-dessus de la Maison Blanche. Cette affaire a suscité les protestations de la communauté musulmane de la ville. Notamment contre la police qui se prête à un espionnage intensif des musulmans, affirmant avoir déjà réussi à dénicher plusieurs complots.
La protestation a commencé à porter ses premiers résultats. Le commissaire Raymond Kelly, chef de la police new-yorkaise (NYPD), a présenté jeudi des excuses à la communauté musulmane pour l’utilisation du documentaire islamophobe dans le cadre d’une formation de milliers d’officiers de police de la ville. Il a reconnu que ce support médiatique d’une durée de 72 minutes était ‘’inflammatoire’’. « Cette vidéo n’aurait jamais dû être montrée », a-t-il dit ».
Le maire de New York, M Michael Bloomberg a déclaré pour sa part, mardi dernier, que quiconque a montré le film aux policiers lors de la formation « a fait preuve d’un jugement déplorable ». Il a promis une enquête sur les circonstances de la diffusion du film sans promettre toutefois une mesure disciplinaire contre les personnes responsables de sa présentation.