jeudi 18 avril 2024

Scandale des implants mammaires: le fondateur de PIP interpellé

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 AFP

   Le scandale des implants mammaires défectueux a connu jeudi un rebondissement majeur, avec l’interpellation dans le sud de la France de Jean-Claude Mas, le fondateur de la société PIP qui fabriquait ces prothèses portées par des centaines de milliers de femmes dans le monde.

 

  « Jean-Claude Mas a été interpellé au domicile de sacompagne à Six-Fours et placé en garde à vue », a affirmé à l’AFP une source proche de l’enquête. Il a été arrêté dans le cadre d’une enquête judiciaire ouverte à Marseille pour « homicide et blessures involontaires ».

 

  Selon une source proche du dossier, le directeur financier de la société Poly Implant Prothèse (PIP), Claude Couty, a également été interpellé dans la même région du sud de la France, où était installée la société.

 

  Les gendarmes chargés de l’enquête procédaient également jeudi en début de matinée à des perquisitions aux deux domiciles, en particulier chez la compagne de Jean-Claude Mas, où se trouveraient des œuvres d’art de valeur.

 

  Les deux anciens responsables de PIP devaient ensuite être directement transférés chez une juge d’instruction, selon la même source.

 

  Jean-Claude Mas, 72 ans, qui n’a pas fait d’apparition publique depuis que le scandale a éclaté, est le fondateur de PIP, entreprise dont le siège était à La-Seyne-sur-Mer dans le département du Var et qui est en faillite depuis 2010. Il a admis avoir produit un gel de silicone non homologué mais réfuté tout danger.

 

  « Je savais que ce gel n’était pas homologué, mais je l’ai sciemment fait car le gel PIP était moins cher (…) et de bien meilleure qualité », avait expliqué M. Mas en octobre aux gendarmes, selon un procès-verbal d’audition dont l’AFP avait eu copie.

 

  Il avait réitéré cette position à la mi-janvier dans un entretien téléphonique avec la chaîne de télévision M6.

 

  Les implants de la société française étaient remplis d’un gel de silicone « non conforme », irritant pour les tissus et présentant un « taux de rupture » élevé, de l’ordre de 5% selon des chiffres fournis par les autorités françaises. Toutefois, aucun lien n’a été établi avec la vingtaine de cas de cancer relevé parmi des femmes qui avaient des implants PIP.

 

  Les prothèses étaient fabriquées en France, mais 84% d’entre elles partaient à l’exportation, notamment en Amérique latine, en Espagne et en Grande-Bretagne. De 400.000 à 500.000 femmes seraient porteuses d’implants PIP dans le monde.

 

  En France, où 2.500 plaintes ont été déposées, le gouvernement a recommandé aux 30.000 femmes porteuses de prothèses PIP de se les faire retirer. L’opération est prise en charge par la sécurité sociale mais pas le remplacement des implants si ceux-ci avaient été posés pour des raisons esthétiques.

 

  Me Philippe Courtois, avocat de l’association des Porteuses de Prothèses PIP (PPP), s’est félicité jeudi de l’interpellation de Jean-Claude Mas. Mais « on n’attend pas grand chose de son audition dans la mesure où il s’est déjà exprimé avec des propos outrageants vis-à-vis de l’ensemble des victimes », a-t-il estimé.

 

  La présidente de l’association PPP, Alexandra Blachère, doit se rendre vendredi chez la juge d’instruction. Une autre plaignante, Murielle Ajello, présidente du Mouvement de défense des femmes porteuses d’implants et de prothèses (MDFPIP), devait quant à elle être entendue dès ce jeudi, a-t-elle précisé à l’AFP.

 

  Les arrestations de Jean-Claude Mas et de son ancien directeur financier entrent dans le cadre de l’une des deux procédures judiciaires ouvertes en France.

 

  Cette enquête pour « homicide et blessures involontaires » s’annonce particulièrement longue, avec des batailles d’experts autour de chaque cas individuel.

 

  Selon une source judiciaire, l’instruction pourrait prendre plusieurs années.

 

  Un deuxième volet, pour « tromperie aggravée », a déjà donné lieu à une enquête qui est close et doit déboucher sur un procès correctionnel d’ici à la fin 2012.

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