jeudi 18 avril 2024

Les troubles s’étendent dans des zones tibétaines de Chine

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 AFP

   Les troubles s’étendaient dans des zones tibétaines du sud-ouest de la Chine où les forces de sécurité ont de nouveau tué par balles au moins un manifestant dans le Sichuan, province quasi sous black-out mercredi et d’où les informations filtraient difficilement.

 

  Ces violences, les plus graves depuis 2008 dans le plateau tibétain, ont poussé mardi les Etats-Unis à se dire « très inquiets » et le gouvernement tibétain en exil en Inde à presser mercredi la communauté internationale à « intervenir pour empêcher un nouveau bain de sang ».

 

  La province du Sichuan, proche de la Région autonome du Tibet et qui compte une importante population d’ethnie tibétaine, est secouée depuis lundi par des manifestations dont la répression a fait de deux à une dizaine de morts, selon les sources.

 

  Elle a également été le théâtre de la majorité des 16 immolations ou tentatives d’immolation par le feu de moines et nonnes bouddhistes depuis mars 2011, protestations tragiques contre la répression de leurs libertés religieuses et de leur culture.

 

  En début de semaine, des tracts affirmaient que de nouveaux Tibétains du Sichuan se déclaraient prêts à s’immoler par le feu.

 

  Lundi, les forces de sécurité ont tiré sur des manifestants « non armés », faisant de deux à six morts, non loin du monastère de Drakgo, à Luhuo, dans la préfecture tibétaine de Ganzi, selon des ONG et des exilés tibétains.

 

Pékin a confirmé le lendemain un seul mort, tombé sous les balles de sa police, en évoquant une riposte à une attaque à coups de pierre d’un « gang » comprenant des moines.

 

  Mardi les troubles se sont poursuivis: entre deux et cinq Tibétains ont été tués par balles par la police chinoise dans la même préfecture, ont annoncé l’organisation Free Tibet et la radio américaine Radio Free Asia (RFA).

 

  L’agence Chine nouvelle a confirmé mercredi que la police chinoise avait tué la veille un « émeutier » lorsque des manifestants tibétains ont tenté de prendre d’assaut un commissariat.

 

  « La police a été obligée d’ouvrir le feu, tuant un émeutier et en blessant un autre », a rapporté Chine nouvelle.

 

  Citant un officier de police, l’agence officielle a raconté que les manifestants avaient attaqué le commissariat de Changguan, dans la ville de Seda, « avec des bonbonnes de gaz, des couteaux et des pierres ».

 

  « Ils ont aussi ouvert le feu sur nous, blessant 14 policiers », a poursuivi cette source. La police a tiré après l’échec de ses appels au calme et de l’usage d’armes non léthales pour disperser la foule, a assuré Chine nouvelle.

 

  Il était extrêmement difficile mercredi de joindre des moines ou des habitants de la préfecture de Ganzi, qui semblait être sous black-out.

 

  Les autorités locales, la police et les habitants de Seda étaient injoignables.

 

  Lundi et mardi, l’AFP avait pu joindre des moines du monastère de Drakgo, à Luhuo, investi par des milliers de membres de la police armée, mais mercredi personne n’était joignable dans cette localité.

 

  Les téléphones de la police et la municipalité y sonnaient en permanence occupé, de même que ceux de tous les hôtels et restaurants du district voisin de Daofu, laissant penser que les liaisons téléphoniques avaient été coupées.

 

   L’association basée à Londres Free Tibet a fait état pour sa part d’une autre manifestation de Tibétains du Sichuan, lundi, dans le district d’Aba — haut lieu de la résistance des moines bouddhistes — dispersée par des gaz lacrymogènes.

 

  Dans ce district, un hôtelier a indiqué à l’AFP voir « de nombreux membres des forces de la sécurité et des véhicules de transport de troupes dans les rues ».

 

  « Aucune personne étrangère à la localité ne peut y entrer à moins d’avoir un laissez-passer », a-t-il dit.

 

  Pékin assure garantir aux Tibétains la liberté de leur culte et de leurs pratiques culturelles ainsi qu’une augmentation de leur niveau de vie grâce à des investissements importants dans ces zones sous-développées.

 

  Mais les associations de Tibétains font état d’une répression accrue depuis les grandes émeutes antichinoises de 2008, notamment dans les monastères, qui à son tour alimente une révolte grandissante contre le joug de Pékin.

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