jeudi 25 avril 2024

Une Shehrazade aux mille et un charmes

-

 

 

Qods Chabâa

  L’Orchestre philarmonique du Maroc est fidèle à son concert du Nouvel an. Cette fois, c’est la Shehrazade de Rimsky Korsakov qui en était l’invitée de marque. Une composition où la fascination pour les splendeurs de l’Orient est incontestable.

 

  Le concert du Nouvel An de l’Orchestre philarmonique était particulier. Lors de la présentation à Casablanca, le mercredi 18 janvier au cinéma Rialto, l’orchestre, sous la direction de son chef Benoît Girault, a interprété des morceaux particulièrement difficiles. Au menu, des partitions du norvégien Edward Greig, en passant par les deux Russes frères ennemis: Tchaikovsky et Rimsky Korsakov.

 

   Installés confortablement dans leur siège, les spectateurs se préparaient à se délecter de sons et de compositions toutes aussi complexes les unes que les autres. Si Edward Grieg et Tchaikovsky fascinent par leurs mélodies de prime abord agréables à écouter, elles n’en sont pas moins difficiles à exécuter. D’ailleurs, les musiciens sur le podium étaient crispés. Au moment de son solo au violon dans la deuxième partie consacrée à Shehrazade de Korsakov, Farid Bensaid était tendu et sa peur de rater ce solo s’est ressentie. Le concert a duré en tout deux heures. Shehrazade a été le moment fort de ce spectacle musical.

 

Une autre approche de la musique classique

  Korsakov était fasciné par l’Orient, il voulait montrer une autre façon de faire de la musique classique, une approche qui est très différente de celle de Tchaïkovsky. D’ailleurs, l’histoire rappelle que les deux illustres compositeurs ne s’aimaient pas. Sous-titrée Suite symphonique, Shehrazade est à mi-chemin entre La Symphonie Fantastique de Berlioz et le Poème symphonique, de Franz Liszt. Elle est à la limite entre la « musique à programme » et la « musique absolue ». À l’origine, Rimsky-Korsakov voulait composer une suite possédant le cadre externe d’une symphonie — quatre mouvements, orchestre relativement restreint – mais dont l’ensemble gardait la liberté de la rhapsodie. L’auditeur ressent à travers la sonorité de Shehrazade l’âme torturée de Rimski Korsakov, mort en 1908. Ce dernier a influencé toute une partie de l’école française, plus précisément celle de Ravel, et toute la jeune école musicale russe de Prokofiev à Chostakovitch.

 

Fascination

  Aristocrate de naissance, Korsakov avait décidé d’abandonner du jour au lendemain une brillante carrière d’officier de la marine pour étudier et enseigner la musique. Il était plutôt conformiste dans ses compositions et réutilisait souvent des formes classiques, mais en les détournant. Tel était son secret.
 L’extension de l’empire russe vers l’est et le sud, à l’intérieur du monde arabo-musulman, lui a servi de matériel artistique. Korsakov était réellement fasciné par les charmes de cet Orient enchanteur, peuplé de rêves, de couleurs, de chaleur et de sensualité. Une sorte d’Eden lointain.

 

  La première partie du concert était tout aussi agréable. Peer Gynt est une pièce de théâtre de l’auteur norvégien Henrik Ibsen. Elle diffère des œuvres suivantes d’Ibsen parce qu’elle est écrite en vers, n’ayant pas vocation, au départ, à être jouée sur scène. Peer Gynt peut être considérée comme une pièce douce-amère relatant l’histoire d’un antihéros parti défier le monde, qui rate tout ce qu’il entreprend pour découvrir à la fin combien il est seul.

- Advertisment -