samedi 7 septembre 2024

Le Mix entre les vaccins Sinopharm et Pfizer, quels risques?

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La vaccination est notre meilleure chance d’endiguer la crise sanitaire de la COVID-19 et le développement rapide de vaccins rend cela possible. Alors que ces différents vaccins sont déployés pour maîtriser la pandémie, les scientifiques surveillent également leurs divers effets secondaires.

On peut classer les vaccins en deux grandes familles: ceux qui contiennent des agents infectieux et ceux qui n’en contiennent pas. Si le vaccin Sinopharm  appartient à la première famille,  le vaccin de Pfizer, quant à lui, utilise une version très récente des vaccins sans agent infectieux, les vaccins à ARN messager.

Le vaccin à ARN messager – Pfizer- fonctionne en libérant un brin d’ARN dans nos cellules, c’est-à-dire une copie temporaire d’un fragment d’ADN. Celui-ci va permettre de fabriquer la protéine de spicule du coronavirus pour apprendre à notre système immunitaire à la reconnaître et à la combattre. Celle-ci est, en effet, la clé qui permet au SARS-CoV-2 de pénétrer dans notre organisme.

Le vaccin anti-covid mis au point par le laboratoire pharmaceutique chinois Sinopharm utilise la plus ancienne des technologies vaccinales, à savoir celle des vaccins à virus inactivés. Concrètement, une version tuée du virus de la maladie ciblée est administrée afin de déclencher une réponse immunitaire. On garde le pouvoir immunogène du virus en enlevant son pouvoir pathogène que l’on inactive par différentes méthodes (chaleur, produits chimiques) pour qu’il ne soit plus virulent, qu’il n’entraîne plus la maladie contre laquelle le vaccin est administré, mais qu’il déclenche une réponse immunitaire par la fabrication d’anticorps…

Le vaccin Sinopharm, du laboratoire éponyme, a été validé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en mai 2021, ce qui a permis de l’intégrer au dispositif international Covax de distribution de vaccins dans les pays défavorisés.

Le mélange de vaccins se pratique déjà dans certains cas, par exemple, pour la vaccination contre l’hépatite B, des vaccins différents peuvent être utilisés lors de la première et la seconde doses, car les sérums utilisent le même antigène. C’est en partie ce qui compte pour déterminer si des doses différentes peuvent être associées : la composition des vaccins et l’antigène utilisé. S’ils sont similaires, on peut théoriquement vacciner avec des sérums différents.

Dans le cas du Covid-19, les vaccins à ARN messager, que ce soit Pfizer/BioNtech ou Moderna, et AstraZeneca, ont le même antigène, la protéine Spike, même si,  dans le détail, la séquence n’est pas exactement la même. AstraZeneca utilise la séquence d’origine du coronavirus. Alors que Moderna et Pfizer/BioNtech ont fait quelques mutations pour rigidifier la structure tridimensionnelle de la protéine Spike, afin de la mettre dans une conformation active.  Cependant, ce détail ne devrait pas empêcher de rendre la dose de rappel efficace, selon les chercheurs.

En effet, de nombreux arguments en faveur de cette stratégie, déjà mise à profit dans le contexte du développement de certains vaccins (VIH notamment), et qui s’est avérée plus efficace que l’approche de prime-boost homologue (c’est-à-dire la double dose d’un même vaccin),  ainsi que de nombreuses études en cours dans le cadre du programme européen Vaccelerate et les premières données relatives au recours au prime-boost hétérologue (avec des vaccins différents) dans la vaccination anti-SARS-CoV-2, qui restent encore limitées…

Seulement voilà, quelques personnes font l’amalgame entre ce cas de figure et celui de mixage entre deux vaccins totalement différents, quant aux procédés mis pour leur élaboration, à savoir les vaccins Pfizer et Sinopharm.

En effet, le vaccin développé par l’entreprise pharmaceutique américaine Pfizer et son partenaire allemand est basé sur l’ARN messager pour indiquer à nos cellules comment combattre le coronavirus, tandis que le vaccin chinois est fabriqué de manière «classique», déjà utilisée et donc plus sûre, c’est-à-dire que le virus lui-même est utilisé comme élément principal pour fabriquer les anticorps et entraîner une immunité protectrice.

Le procédé du vaccin Sinopharm est un procédé sûr car il utilise le virus inactivé, le même que celui pour les vaccins des enfants.

Plus controversée et surtout nouvelle et donc aux risques inconnus, la méthode adoptée par Pfizer consiste à utiliser l’acide nucléique (ARN) qui provient du virus.

Le vaccin de Pfizer, qui serait efficace à 90 % pour prévenir la Covid-19, est un vaccin à ARN, une technologie dont les bases ont été posées il y a une vingtaine d’années seulement.

Si Pfizer a déclaré que l’efficacité de son vaccin est de 90%, le fait que sa fabrication repose sur une technique nouvelle soulève des questions sur les risques encourus sur le long terme. Et si cela ne remet pas en question la sécurité du vaccin qui est testée depuis le lancement des essais cliniques, il nécessite cependant, une attention particulière, compte tenu de son aspect innovant et donc inconnu. 

Efficace à 79 % chez les cas symptomatiques ou hospitalisés tous groupes d’âge confondus,  Sinopharm est un vaccin qui utilise un virus inactivé avec un adjuvant, selon une technique classique approuvée depuis plusieurs décennies. Officiellement, aucun effet indésirable grave n’a été signalé au Maroc. Le vaccin Sinopharm présenterait très peu d’effets secondaires, seulement quelques rares cas de réactions allergiques.

Ceci dit, un mixage entre les deux vaccins-Sinopharm et Pfizer- est déconseillé car très dangereux, en raison des procédés d’élaboration très différents des deux vaccins.  En effet, les personnes ayant pris une première dose d’un des deux vaccins et la deuxième de l’autre, ont vu le nombre de leurs anticorps chuter considérablement ce qui les exposent dangereusement aux différentes maladies d’origine virale ou bactérienne.

Il est à rappeler que, pour réussir la campagne nationale de vaccination anticovid-19, le Maroc a choisi de diversifier ses commandes, une sorte de « pack vaccin », qui consiste à ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. On a fait appel à quatre vaccins : le vaccin chinois, Sinopharm, l’AstraZeneca de la société britannique Astra et du suédois, Zeneca, le sérum conçu par l’américain Pfizer et l’allemand BioNTech et le vaccin Janssen à dose unique développé par le laboratoire américain Johnson & Johnson.

Le Maroc projette d’avoir 65 millions de doses dont les deux tiers proviennent du vaccin chinois, c’est dire l’importance et la crédibilité dont jouit le vaccin Sinopharm, qui  sera d’ailleurs produit au Royaume dés le mois de décembre prochain.

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