samedi 7 septembre 2024

150 millions de dollars de la Banque mondiale pour doper l’économie bleue marocaine

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Le nouveau gouvernement hérite de plusieurs dossiers dont ceux relatifs au financement international des stratégies sectorielles auprès des principaux bailleurs de fonds du pays.

Avec la Banque mondiale, plusieurs prêts sont en stand-by, dont celui destiné à financer un nouveau programme stratégique de développement de l’économie bleue. Les négociations devront se poursuivre entre les deux parties pour un prêt de 150 millions de dollars visant à libérer le plein potentiel de l’économie bleue du pays où les zones côtières contribuent à 59% du PIB et fournissent 52% des emplois.

Suite à la formation d’un nouveau gouvernement, plusieurs projets de financements de la Banque mondiale pour le Maroc sont aujourd’hui en standby. Selon nos informations, la nouvelle équipe gouvernementale, présidée par Aziz Akhannouch, réactivera les négociations avec l’Institution de Bretton Woods sur les différents prêts envisagés dans le cadre du partenariat stratégique durable qui lie les deux parties. Parmi les plus importants prêts prévus à court terme, celui destiné à financer un «programme développement de l’économie bleue» au Maroc.

L’économie bleue porte sur tous les secteurs et industries liés aux océans, aux mers et aux espaces côtiers, y compris la pêche, l’aquaculture, le tourisme, le transport maritime, les activités portuaires, la construction navale et les énergies, dont celles renouvelables.

Le Maroc dispose d’un réel potentiel en termes d’économie bleue. Ses deux façades maritimes s’étendant sur 3.500 km de littoral, 1,2 million de km de zone économique maritime exclusive, avec un patrimoine halieutique et des ressources renouvelables considérables, lui confèrent un important capital maritime. Comme le souligne le Conseil économique, social et environnemental, l’économie bleue marocaine doit être conçue autour d’une vision écosystémique. La préservation de la santé des océans et de la biodiversité marine en est un axe essentiel de développement et de croissance inclusive, sans occulter le potentiel d’atténuation et d’adaptation au changement climatique.

L’économie bleue, moteur de relance post-Covid-19

Selon le dossier de prêt, le Maroc considère désormais l’économie bleue comme un moteur puissant de développement et de relance post-Covid-19. La croissance doit donc être associée à la préservation du capital naturel, évitant ainsi davantage de pollution de l’air, la dégradation de l’eau, la dégradation des terres et les dommages dus à la dégradation des zones côtières (représentant respectivement 1,05, 1,26, 0,54 et 0,27% du PIB).

Ces derniers affectent négativement les perspectives de croissance économique future et menacent de saper la résilience des écosystèmes naturels et des secteurs économiques clés tels que la pêche et le tourisme. Or, malgré les mesures prises par les pouvoirs publics, le Maroc est toujours confronté à des défis pour développer le plein potentiel de l’économie bleue. Un facteur limitatif clé, tel qu’identifié par le gouvernement, est la fragmentation des politiques et coopération intersectorielle entre les différents secteurs bleus. «Les approches sectorielles fragmentées ont entravé la planification intégrée et l’utilisation efficace des ressources naturelles.

 De plus, la dégradation des écosystèmes marins et côtiers fragilise la croissance des filières bleues», est-il indiqué. Aussi, la mer Méditerranée et l’océan Atlantique sont confrontés à des pressions croissantes dues à la surexploitation des ressources halieutiques, à la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) et à la pollution d’origine terrestre et marine (y compris la pollution par les plastiques).

Selon une source officielle, chaque année, la dégradation des zones côtières du Maroc coûte 260 millions de dollars, soit 0,27% du PIB du pays. Le changement climatique exerce une pression supplémentaire sur les secteurs sensibles au climat. Par exemple, le tourisme, qui contribue à hauteur de 12% du PIB, est vulnérable à la montée des eaux qui endommage les bâtiments, les routes, les sites du patrimoine naturel, les plages et les stations balnéaires.

 L’élévation du niveau de la mer est également associée à l’érosion et aux inondations et constitue un risque pour l’ensemble du littoral, où se trouvent 60% de la population et la plupart des industries et des activités économiques.

Les zones côtières contribuent à 59% du PIB

Les secteurs bleus gérés de manière durable, tels que la pêche, le tourisme et le transport maritime, peuvent stimuler la création d’emplois et la génération de revenus. Jusqu’ici, la pêche maritime fait vivre 3 millions de personnes et représente 15% du total des exportations marocaines (59% des exportations agroalimentaires).

Le littoral du Royaume et ses plages représentent, en outre, un attrait touristique majeur, avec 70% du tourisme du pays concentré sur les côtes atlantiques et méditerranéennes. Au total, les zones côtières contribuent à 59% du PIB et fournissent 52% des emplois. En plus des secteurs traditionnels, les secteurs bleus émergents, tels que l’aquaculture, ont démontré des potentiels de croissance élevés.

Le Maroc produit actuellement environ 600 tonnes de produits aquacoles par an et s’est fixé pour objectif d’augmenter cette production à 200.000 tonnes d’ici 2030. En outre, le Maroc a lancé une stratégie portuaire nationale pour doubler le nombre annuel de passagers maritimes d’ici 2030, de 3 à 7,6 millions. D’autres activités marines émergentes, telles que les sports nautiques, les biotechnologies marines sont encore sous-développées, bien qu’elles aient un potentiel certain.

Un nouveau programme pour remédier aux principales contraintes

Pour libérer le plein potentiel de l’économie bleue au Maroc, ce programme financé par la Banque mondiale, aidera le gouvernement à remédier aux principales contraintes qui entravent le développement de l’économie bleue. En particulier, le programme apportera des solutions clés à la fragmentation des cadres politiques et institutionnels, aux menaces environnementales, notamment la pollution, à la dégradation de la biodiversité, ainsi qu’un soutien aux écosystèmes côtiers et marins et aux investissements essentiels pour les secteurs clés de l’économie bleue.

Selon notre source, ces investissements dans l’économie côtière sont, aujourd’hui, nécessaires de toute urgence pour soutenir les entreprises et les ménages. La pandémie de la Covid-19 a eu un impact socio-économique important, notamment une forte baisse des revenus en raison des pertes d’emplois et de salaires, mais aussi en raison des perturbations du fonctionnement des marchés sur le plan de la hausse de prix, la disponibilité des biens de consommation de base, sans oublier les interruptions de la prestation de services, en particulier de santé et d’éducation.

«Le gouvernement a demandé à la Banque mondiale d’appuyer l’élaboration et la mise en œuvre d’une approche intégrée des politiques publiques sectorielles pour le développement durable du littoral et de l’économie bleue», souligne la même source.

Cela passera, entre autres, par la modernisation du cadre législatif, une meilleure coordination entre les secteurs, à travers notamment la mise en œuvre d’un système de gouvernance intégré pour l’économie bleue et les zones de développement côtières/marines. S’ajoute une meilleure gouvernance des risques climatiques et le soutien aux investissements essentiels pour une croissance durable et inclusive.

Source: Le Matin

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