Zorro revient avec sa cape et son grand chapeau ! Le justicier masqué, alter ego du noble Don Diego de la Vega, prend les traits de Jean Dujardin pour une nouvelle série, diffusée à partir de ce vendredi sur Paramount +. Benjamin Charbit et Noé Debré ont sérieusement modernisé les aventures du redresseur de torts en lui adjoignant notamment une épouse dynamique jouée par Audrey Dana.
André Dussollier en père fantomatique, Eric Elmosnino en méchant et le toujours sublime Grégory Gadebois en Sergent Garcia complètent un casting de qualité pour huit épisodes gorgés d’aventures, d’amours contrariées, d’humour bon enfant et de magouilles politiques dans le Mexique du début des années 1820. Une bonne occasion pour retrouver Jean Dujardin qui parle du héros avec un enthousiasme communicatif.
Que ressent-on quand on se voit pour la première fois dans le costume de Zorro ?
Je n’ai pas un ego surdimensionné. Je pense au personnage, pas à moi. Ce n’était donc pas un retour à ma propre enfance car j’étais dans le boulot. Mais j’étais fasciné par le regard que les autres posaient sur moi. C’était très intimidant de les voir me regarder. Tout le monde à une image de Zorro dans la tête. La voir dans les yeux des autres était impressionnant.
Qu’était Zorro pour vous avant que vous l’incarniez ?
Un souvenir d’enfant et une envie d’acteur, celle de se frotter à la légende. C’est aussi un costume embarrassant car, quand on se décide à faire Zorro, on ne se dit pas qu’on va avoir une cape très longue, un chapeau encombrant et un masque qui coupe la vue. C’est surtout le désir de se lancer dans un projet qui fait peur, ceux dont on se dit qu’il vaudrait mieux ne pas y aller tant ils sont « casse-gueule ».
Pourquoi « casse-gueule » ?
Dès qu’on se lance dans un personnage mythologique, qui appartient à tout le monde, et qu’on a l’ambition de se l’approprier, on tend un peu le bâton pour se faire battre. On doit apprendre à s’en foutre et à proposer des choses sinon on n’avance pas. Ce qui m’amusait, c’est le principe du Don Diego et de Zorro. C’est leur dualité qui me branchait, la multiplicité des émotions : une vraie salle de jeu quand on est acteur.
Zorro est-il un superhéros ?
Oui. Zorro a d’ailleurs inspiré Batman auquel il ressemble beaucoup. C’est un homme ordinaire qui apprend à se dépasser. Son superpouvoir s’appelle le courage. C’est dur pour un humain d’avoir du courage. C’est pour ça qu’on en fait des personnages de fiction. Zorro surpasse sa peur. Il la regarde, a le vertige puis il passe outre. Le courage le rend solaire mais il ne prend sa valeur que parce qu’il se confronte à la peur. Le format d’une série m’a permis d’avoir la place pour développer cela. J’ai pu créer plein de personnages en un seul. Don Diego de la Vega a plusieurs visages.
Quels sont vos « Zorro » favoris ?
J’aime bien celui de Douglas Fairbanks que j’avais revu au moment de The Artist. On me voit d’ailleurs brièvement en Zorro dans le film de Michel Hazanavicius. Mais je suis surtout fan de celui que jouait Guy Williams dans la série de la fin des années 1950. C’est elle que je regardais quand j’étais gamin. Ces cavalcades et ses décors en carton-pâte étaient un refuge pour l’enfant que j’étais. Je m’identifiais à lui et j’avais même le déguisement. Je m’étais fait offrir la panoplie.
Quel souvenir gardez-vous des combats ?
J’aime bien ça ! C’est génial d’entendre le bruit des épées. C’est un peu comme le son des claquettes quand on danse. On apprend à faire résonner les lames comme si c’était des phrases. C’est complètement musical. C’est comme un vrai superpouvoir que d’être habillé en Zorro et s’entendre faire des gammes avec son épée tout en donnant l’impression qu’on se bat vraiment.
Était-il important pour vous de voir ajouter une héroïne forte dans cette nouvelle version ?
Si on ne change pas les choses dans ce domaine, on n’avancera jamais. Benjamin Charbit et Noé Debré ont apposé leur patte sur l’ensemble pour le moderniser. On a donc travaillé autour du couple que forment Gabriella et Don Diego pour faire naître des dissonances et du suspense. Leurs rapports sont au centre du récit car l’amour est ce qui fait le plus mal. On doit passer par le besoin de s’émanciper de cette femme en 1921 pour la rendre plus attachante. C’est toujours intéressant de passer par le passé pour parler d’aujourd’hui. Les filles doivent aussi avoir des héroïnes auxquelles s’identifier.
Avez-vous un goût particulier pour jouer des icônes populaires ?
Brice de Nice, Lucky Luke et maintenant Zorro : c’est vrai que ça fait un peu catalogue quand on voit ça comme ça ! Je me dis que je suis de passage et que quand on prétend être acteur autant laisser quelques traces. J’ai joué des personnages divers qui ont plus ou moins plu et dont certains resteront peut-être. Mes rôles constituent mon arbre généalogique artistique. Les racines, c’est le gosse qui joue à Zorro dans le jardin quand il avait 8 ans. Je ne sais pas où iront les branches, sans doute vers des zones d’ombre que je n’assumais pas avant. L’idée de brasser toutes les émotions me plaît : cela me donne l’impression de ne pas être venu pour rien.