jeudi 7 décembre 2023

Sánchez, sur le point de redevenir Président du gouvernement dans une Espagne divisée sur la loi d’amnistie

-

Pedro Sánchez va, sauf surprise majeure, recevoir jeudi la confiance des députés espagnols pour rester à la tête d’un pays profondément divisé par sa décision d’accorder une loi d’amnistie aux indépendantistes catalans en échange de leur soutien.

Au pouvoir depuis 2018, le socialiste est assuré d’obtenir les voix de 179 députés lors d’un vote prévu jeudi en fin de journée, un chiffre supérieur à la majorité absolue fixée à 176.

Une fois investi par les députés, Sánchez pourra former dans les prochains jours un nouveau gouvernement avec ses alliés de la coalition d’extrême gauche Sumar, mettant fin à près de quatre mois de blocage depuis les législatives du 23 juillet.

Arrivé deuxième à ces élections, derrière son rival conservateur Alberto Núñez Feijóo, le président du gouvernement a dû, ces dernières semaines, négocier partout pour sceller des accords avec plusieurs groupes régionalistes, dont le soutien s’avère crucial en l’absence d’une majorité claire au Parlement.

Il a notamment dû s’entretenir avec le parti de l’indépendantiste catalan Carles Puigdemont, qui vit en Belgique depuis six ans pour échapper aux poursuites judiciaires dont il fait l’objet pour avoir mené la tentative de sécession de la Catalogne en 2017.

Acceptant, après d’intenses négociations, de soutenir la réélection de Sánchez, Puigdemont a obtenu des socialistes qu’ils s’engagent à approuver prochainement une loi d’amnistie pour des centaines d’indépendantistes poursuivis, ce qui devrait lui permettre de rentrer en Espagne.

« Refermer les plaies »

Exposant les priorités de sa nouvelle législature devant les députés mercredi, Pedro Sánchez a défendu la nécessité et la constitutionnalité de cette mesure, à laquelle il s’était opposé par le passé.

Cette amnistie est nécessaire pour « fermer les plaies » ouvertes par la crise de 2017, a déclaré le président du gouvernement, assurant vouloir garantir « l’unité de l’Espagne par le dialogue et le pardon ».

Le Parti populaire de Feijóo accuse le Parti socialiste d’avoir concédé le projet de loi dans le seul but de rester au pouvoir à tout prix, et prévient que l’Espagne pourrait se retrouver dans le collimateur de l’UE, à l’instar de la Hongrie et de la Pologne, pour l’atteinte à l’État de droit que constitue le projet de loi.

Rejetée par la majorité des Espagnols, selon plusieurs sondages, l’amnistie a conduit des centaines de milliers de personnes à descendre dans la rue dimanche à l’appel du PP.

Une nouvelle manifestation est prévue samedi à Madrid, à laquelle participeront des dirigeants du PP et du parti d’extrême droite Vox.

« L’amnistie n’améliorera pas la coexistence », a répondu Feijóo lors du débat parlementaire de mercredi.

Les rassemblements quotidiens de l’extrême droite – qui qualifie Sánchez de « dictateur » et de « putschiste » – ont dégénéré la semaine dernière en émeutes devant le siège du parti socialiste à Madrid.

En raison de ces tensions, plus de 1 600 policiers seront à nouveau déployés jeudi autour du Congrès des députés, entièrement bouclé depuis mercredi par les forces de l’ordre. C’est l’équivalent d’un match de football à haut risque.

Dans ce contexte, Sánchez a appelé mercredi l’opposition à être « responsable » et à ne pas profiter de la situation pour créer des tensions dans les rues.

Source: Atalayar

- Advertisment -