dimanche 3 décembre 2023

Violences et accusations de fraude aux élections des gouverneurs au Nigeria

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Des violences et des accusations de fraude électorale ont entaché samedi les élections des gouverneurs dans trois États du Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique, malgré une forte présence sécuritaire. 

Ces scrutins sont traditionnellement très disputés dans ce pays où les gouverneurs ont des pouvoirs étendus. Affrontements, meurtres et intimidations y sont monnaie courante lors des périodes électorales.

Les opérations de vote se déroulaient dans les États de Bayelsa (sud), d’Imo (sud-est) et de Kogi (centre).

La Commission électorale nationale indépendante (INEC) a déclaré qu’un de ses responsables avait été enlevé, tandis que des groupes de surveillance ont affirmé que deux personnes avaient été abattues, dont un homme qui tentait d’emporter une urne.

Le dépouillement a commencé dans l’après-midi et les résultats étaient attendu samedi plus tard dans la soirée.

Les scrutins se sont déroulés dans un contexte de restrictions de déplacement drastiques dans les trois États concernés, et la police avait déployé d’importants moyens pour sécuriser les opérations de vote, dont des hélicoptères.

L’INEC a annoncé samedi qu’un de ses fonctionnaires enlevé la veille «alors qu’il attendait de monter à bord d’un bateau» dans l’État de Bayelsa, avait été libéré. Un bateau transportant des documents électoraux a chaviré, affectant plus de 5000 électeurs dans cet État.

Elle a également indiqué enquêter sur des informations faisant état de falsifications de votes dans l’État de Kogi.

Le Groupe de surveillance de la transition, un mouvement de la société civile, a lui déclaré qu’un homme avait été abattu à Anyigba, dans ce même État, après avoir tenté de «perturber l’élection» en emportant une urne.

Dans un autre communiqué, cet organisme a affirmé que «des voyous politiques ont été tués par l’armée à Anyigba et à Idah», dans l’État de Kogi.

Le Groupe de surveillance de la transition a partagé des images d’un corps ensanglanté sur les réseaux sociaux. La police n’a pas répondu aux demandes de confirmation de l’AFP à ce sujet.

Faible taux de participation 

Le Centre pour la démocratie et le développement (CDD) a de son côté affirmé qu’une personne avait été abattue à Famgbe, près de Yenagoa, la capitale de l’État de Bayelsa, sans toutefois fournir plus de détails.

L’organisme a averti que certains bureaux de vote pourraient connaître un faible taux de participation, des Nigérians ayant été dissuadés de se déplacer «par peur de la violence».

Et il a également dénoncé des achats de votes, certaines personnes ayant échangé leurs bulletins contre des distributions de riz.

La Commission contre les crimes économiques et financiers a annoncé avoir arrêté 14 personnes soupçonnées d’avoir acheté des votes dans les trois États.

Enfin dans l’État d’Imo, les médias locaux ont fait état d’échauffourées dans des bureaux, lors des dépouillements.

L’équité de ces scrutins était un enjeu important, et l’INEC avait averti préventivement qu’elle ne tiendrait pas compte des votes des bureaux affectés par des violences.

La commission électorale, très critiquée à l’occasion de l’élection présidentielle en début d’année, a assuré avoir fait «tout ce qui est possible pour garantir que les élections soient libres, équitables et crédibles».

Le Nigeria a une longue histoire de violences électorales depuis la fin du régime militaire en 1999 et les résultats des scrutins sont souvent contestés devant les tribunaux.

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