L’Humanité est-elle en train de sombrer, au sens littéral comme au figuré ? Une nouvelle carte dévoile en effet que certaines régions du Globe enregistrent de très importants mouvements de subsidence. En d’autres termes, le sol s’affaisse. En cause ? Le pompage excessif des aquifères.
Alors que de nombreuses localités côtières se retrouvent actuellement menacées par la montée des eaux due au réchauffement climatique, New York et d’autres grandes villes s’enfoncent doucement sous le poids de leurs gratte-ciels.
La subsidence, c’est-à-dire l’enfoncement du sol, est cependant un phénomène que l’on observe un peu partout dans le monde. Les causes sont souvent naturelles et liées soient à des mouvements tectoniques (extension de la croûte), soit à un rééquilibrage isostatique (enfoncement sous l’effet d’une charge, c’est ce qui se passe notamment dans le cas de la ville de New York), soit de nature thermique (le refroidissement de la croûte océanique avec l’âge augmente sa densité et fait « couler » les îles qu’elle porte).
Une carte de la subsidence mondiale qui met en lumière le pompage excessif des aquifères
La cartographie globale de cette subsidence a cependant mis au jour une autre cause, d’origine bien anthropique. Il apparait ainsi que 73 % des zones en subsidence se situent dans des régions cultivées ou urbaines. Il ne s’agirait ici que de la manifestation des conséquences d’un pompage excessif des aquifères.
Les régions les plus touchées par ce phénomène se trouvent principalement dans l’est de l’Asie. La Chine, le Vietnam, Taïwan et les Philippines enregistrent à l’heure actuelle des taux considérables de subsidence jusqu’à plus de 5 cm/an ! L’affaissement global de la région serait lié à la vidange des réservoirs d’eau souterrains pour subvenir aux besoins des populations et de l’agriculture. D’autres pays du Moyen-Orient présentent une subsidence également très importante, signe que les aquifères sont dans un état critique, tout comme dans certains états des États-Unis et dans le centre du Mexique, qui pratiquent souvent une irrigation excessive
Une perte de stockage des aquifères qui est irréversible
L’explication de ce phénomène est très simple. Les aquifères représentent des milieux confinés, dans lesquels l’eau, présente dans les minuscules vides qui existent au sein des roches ou des sédiments, exerce une pression. La pression de l’eau maintient donc un espace poreux important. Mais lorsque l’eau est pompée, cette pression diminue et va entraîner une fermeture des pores. Peu à peu, les minuscules vides qui composaient le réservoir se referment sous l’effet de la pression des roches encaissantes.
Le pompage excessif et la vidange de certains réservoirs ont donc deux conséquences. La première, mise en lumière dans l’article publiée dans la revue Nature communications, est bien sûr une compaction, qui se traduit en surface par une subsidence. Or, cette compaction engendre une perte de la capacité de stockage qui est irréversible. Voilà la deuxième conséquence, qui est certainement la plus insidieuse. Car une fois consolidé, le réservoir ne pourra plus se remplir de nouveau. La perte de la ressource, à cet endroit là du moins, est donc définitive.
L’urgence d’adapter les pratiques d’irrigation avant qu’il ne soit trop tard
Les chercheurs montrent ainsi que la quantité de subsidence d’une région peut être utilisée pour quantifier la perte de la capacité de stockage d’un aquifère. Grâce au modèle développé par méthode d’apprentissage automatique, les scientifiques ont également pu dresser une carte de probabilité de subsidence, permettant d’identifier les régions qui ont le plus de chance de subir ce phénomène dans le futur. Des résultats importants qui pourraient permettre à certains pays d’adapter les pratiques d’irrigation et d’usage de l’eau tant qu’il en est encore temps.