mardi 28 novembre 2023

Alès : Ils avaient cédé le masque 150 euros, revendu 4,2 millions d’euros, le Gabon s’en mêle et réclame sa restitution

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Pour le gouvernement de transition du Gabon, ce masque a été volé lors de la période coloniale et doit lui revenir. Il fait l’objet d’un autre contentieux entre ses anciens propriétaires et un brocanteur qui l’a revendu 28.000 fois son prix d’achat

Des avocats des autorités gabonaises ont demandé un sursis à statuer à l’ouverture d’une action en justice intentée à Alès (Gard) par un couple, ancien propriétaire d’un masque Fang. Ce masque avait été cédé en 2021 pour 150 euros à un brocanteur, lequel l’avait revendu 4,2 millions d’euros lors d’une vente aux enchères. Le couple d’octogénaires d’Eure-et-Loir a saisi la justice pour faire annuler la vente au brocanteur. Ce masque en bois sculpté avait appartenu à un aïeul, ancien gouverneur colonial en Afrique, dont ils ignoraient alors la valeur, selon leur avocat.

Ce n’est que six mois plus tard que le couple avait découvert, en lisant leur journal, que ce « rarissime masque du XIXe siècle, apanage d’une société secrète du peuple Fang au Gabon », allait être vendu aux enchères à Montpellier. Et découvert à cette occasion sa vraie valeur. Son esthétique, alors qu’il n’en reste dans le monde qu’une dizaine d’exemplaires, a notamment inspiré les peintres Modigliani ou Picasso.

Le Gabon demande l’annulation successive des ventes

Le catalogue de la salle de ventes de Montpellier précisait qu’il avait été « collecté vers 1917, dans des circonstances inconnues, par le gouverneur colonial français René-Victor Edward Maurice Fournier (1873-1931), probablement lors d’une tournée au Gabon ».

Mais en introduction du procès qui s’est ouvert ce mardi, deux avocats représentant le gouvernement de transition du Gabon ont demandé que leur intervention volontaire soit jugée recevable. Ceci afin de « parvenir à l’annulation successive des ventes de ce masque, à son rapatriement et à la consignation des fonds », a plaidé Olivia Betoe. Ils réclament également « un sursis à statuer » pour poursuivre en parallèle une procédure pénale lancée au tribunal judiciaire de Montpellier après un dépôt de plainte pour recel, par le Gabon, en septembre.

« Une intervention volontaire est un outil juridique. On peut revendiquer ce masque pour des conditions louables qui s’inscrivent dans un contexte culturel, mais ça n’est, aujourd’hui, pas le sujet », a rétorqué l’avocate du brocanteur, Me Patricia Pijot. Lors de la vente, le 26 mars 2022, des Gabonais avaient vigoureusement protesté, réclamant sa « restitution » à son pays d’origine.

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