Rien n’est encore fixé entre les près de 200 pays qui se réuniront à la COP28, après deux jours de discussions à Abou Dhabi qui n’ont pas permis d’avancée majeure sur le sujet prioritaire du moment, la concrétisation d’un fonds pour compenser les dégâts climatiques.
«Il faut qu’on avance», a déclaré le président de la COP28, Sultan Al Jaber, à l’issue des deux jours de réunions à l’Emirates Palace, fastueux complexe hôtelier en bord de mer.
«Nous devons utiliser chaque jour entre maintenant et le début de la COP28 pour avancer sur tous ces éléments», a-t-il dit, après avoir évoqué les fossiles, la finance climatique, l’adaptation aux effets du réchauffement
«Il y a une bonne dynamique, mais encore beaucoup à faire dans les 28 prochains jours», a confié à l’AFP la négociatrice allemande, Jennifer Morgan.
«Les vraies batailles se jouent à la COP», tempère un négociateur africain.
«Le nœud principal pour le moment est clairement du côté du fonds « pertes et dommages »», selon la ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.
Ce fonds, dont l’adoption sur le principe a été considérée comme le résultat majeur de la COP27, reste à créer: quel fonctionnement, qui le finance, qui en bénéficie? Rien n’est tranché, alors que les pays en développement exigent sa mise en œuvre dès la COP28 et que le dernier rendez-vous de négociations, mi-octobre en Égypte, s’est soldé par un échec.
Mais «il y a un accord sur presque 80% du texte», s’est félicité mardi soir le négociateur égyptien Mohamed Nasr, interrogé par l’AFP. Et un ultime cycle de négociations a été ajouté en urgence, à Abou Dhabi, du 3 au 5 novembre.
Mi-octobre, «on était à un 1 ou 2 jours d’un accord», dit un négociateur européen, lui aussi confiant.
Parmi les blocages, «les États-Unis ne veulent pas mettre un centime si la Chine est un potentiel bénéficiaire», autrement dit si le fonds n’est pas réservé aux pays vulnérables, explique-t-il.
Des pays dénoncent la volonté des Occidentaux d’établir le fonds, même temporairement, au sein de la Banque mondiale, qui «n’est pas adaptée aux questions de développement», a rappelé Michai Robertson, un négociateur de l’Alliance des petits Etats insulaires (AOSIS).
«Les Saoudiens ne veulent aucune formulation qui élargirait la liste des donateurs au-delà des pays développés», ajoute son homologue européen.
Même si ces divergences sont surmontées d’ici la COP28, nul ne sait quel montant pourra être levé auprès des pays riches, qui peinent déjà à honorer leur promesse de fournir 100 milliards de dollars de finance climat par an.