mardi 28 novembre 2023

Wim Wenders est inquiet pour l’avenir du 7e art

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« Il y aura toujours le cinéma car le cinéma est nécessaire pour la condition humaine » , a déclaré Wim Wenders, invité d’honneur au Festival Lumière. Alors qu’Anselm (Le Bruit du temps), son documentaire en 3D sur l’artiste Anselm Kiefer est sorti en salle ce mercredi, le réalisateur allemand de 78 ans s’est révélé toujours aussi passionné par le 7e art.

Il a reçu ce vendredi le prix Lumière, prenant la suite de cinéastes prestigieux comme Tim Burton, Jane Campion, Quentin Tarantino, Clint Eastwood ou Martin Scorsese.

Le cinéma en danger

« J’ai déjà eu d’autres récompenses mais, là, c’est le prix du cinéma et c’est un prix unique. J’en suis très fier », a-t-il déclaré. La richesse de sa filmographie, qui comporte des œuvres aussi fortes que Paris, TexasL’Ami américain ou Les Ailes du désir, son chef-d’œuvre (que les éditions Carlotta viennent de ressortir dans un sublime coffret collector) justifie largement cet honneur. « Le cinéma m’a transformé pour faire de moi ce que je suis. Je ne serai pas le même homme sans lui », a-t-il asséné

Le bonheur d’être célébré n’a pas empêché ce cinéphile passionné de dire sa façon de penser. Il n’a pas mâché ses mots sur l’évolution de sa profession lors d’une conférence de presse ce samedi. « Je pense que l’imagination meurt avec des films qui répètent sans cesse ce qui a déjà été montré, explique-t-il. Vouloir réduire les risques financiers en reprenant des choses qui ont déjà fait leurs preuves entraîne le fait qu’on ne laisse pas de places pour des histoires nouvelles. Je suis donc inquiet pour l’avenir. »

L’IA aussi lui donne des sueurs froides et il soutient à fond la grève qui se poursuit à Hollywood. « Il faut être très vigilants, martèle-t-il. C’est le rêve des studios que de pouvoir se passer des humains et faire des économies. Dans notre profession, l’Intelligence artificielle peut vraiment toucher tous les domaines. »

Après avoir reçu son trophée, ce vendredi soir, il a pris la suite de Tim Burton ce samedi après-midi pour diriger sa version de La Sortie des usines Lumière, premier film de l’histoire du cinéma tournée en 1896. « Je veux que les gens aient l’air affairé et qu’ils consultent leurs téléphones, a-t-il demandé aux figurants improvisés parmi lesquels on reconnaissait Jean-Jacques Annaud, Danièle Thompson, Vincent Lacoste, Rebecca Marder, Vincent Lindon et Rintaro. Il lui a fallu quatre prises pour être satisfait du résultat. Il a pu alors aller découvrir sa plaque commémorative, un honneur qu’il a reçu avec une joie enfantine devant un public enthousiaste.

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