Il est petit, boudiné dans sa salopette rouge, et il casse des briques en sautant. Super Mario est de retour. Six mois après la sortie du film à sa gloire, le héros revient à ses premières amours : le jeu vidéo. Et pas n’importe quel jeu vidéo : un bon vieux de plateformes, en 2D, où le personnage avance de gauche à droite. Simple et basique comme dirait OrelSan, lui-même fan de Super Mario, comme tout adulescent qui se respecte.
Bien sûr, ce Super Mario Wonder est rempli de nouveautés : de nouvelles transformations (un éléphant notamment…), la possibilité de jouer de nouveaux personnages (dont Daisy et Carottin), la découverte d’un nouveau décor (le royaume des fleurs en lieu et place du traditionnel royaume Champignon…)… Pour autant, ce retour à la 2D fleure bon le Super Mario d’antan.
Entre 2D et 3D, un pas de deux
Pourtant, d’après Florent Gorges auteur de Histoire de Nintendo et éditeur chez Omaké Books, ce Super Mario en 2D ne verse pas particulièrement dans la nostalgie : « Historiquement parlant, toutes les anciennes licences de jeux vidéo appartiennent à la 2D… Pour Nintendo, faire un épisode de Super Mario en 2D n’est pas forcément un hommage au passé mais plutôt une façon d »écrire un futur à la licence : Nintendo a besoin d’alterner des épisodes en 2D et en 3D pour éviter un sentiment de lassitude des joueurs, pour que les épisodes ne se ressemblent pas trop. Avec le temps de production d’un nouveau Super Mario – je parle des vrais épisodes Super Mario, pas des jeux annexes – il s’écoule 5 ans. Donc, entre deux Super Mario en 2D, il s’écoule 10 ans. On a le temps d’oublier à quoi ça ressemblait… »
D’ailleurs, aujourd’hui, plus largement, 2D ne rime plus avec passé. « Fut un temps où la 3D était sensée tout supplanter et devenir l’unique norme. A cette époque, la 2D est devenue « rétro ». Mais aujourd’hui, la 2D est plutôt… classique. 2D et 3D cohabitent parmi les productions jeux vidéo. »
Un nouvel âge d’or de la 2D
Ce Super Mario Wonder à plat vient ainsi parachever une décennie de réhabilitation de la 2D. Avec l’émergence de la 3D, accompagnée par la génération de consoles types PS3, la 2D était devenue le terrain de jeux de studios indépendants. La tendance du rétro-gaming et l’arrivée des plateformes de jeux online ont créé un appel d’air pour les jeux 2D, plus légers. La créativité de ces jeux a fait que la 2D est redevenue cool. Et aujourd’hui, un Super Mario 2D n’est plus perçu comme un jeu plus simple à produire qu’un jeu 3D.
Un cheminement rassurant
Pour autant, Jeff Ryan, auteur de Super Mario : Comment Nintendo a conquis l’Amérique, estime que la 2D imprime encore, de manière inconsciente, un sentiment particulier chez les joueurs. « Le monde de Super Mario est conçu pour être rassurant, charmant, confortable, avec ses montagnes douces, ses nuages qui sourient… Les méchants sont des tortues et des champignons, et même les fantômes sont mignons : il n’y a pas de péril. La 2D, avec un cheminement de gauche à droite, ancre un peu plus cette impression d’être dans un monde que l’on maîtrise. Mais ça ne veut pas dire que l’on ne peut pas perdre, ou que le jeu est toujours facile. Cela met simplement les joueurs dans une disposition d’esprit. »