jeudi 7 décembre 2023

L’islam interdit-il le don d’organes ?

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Le Maroc célèbre, à l’instar de plusieurs pays la journée mondiale du don et de la transplantation d’organes qui a lieu chaque 17 octobre. Comme chaque année, cette date rappelle la souffrance des personnes qui attendent désespérément un donneur pour sauver leur vie. Des donneurs qui tardent à se présenter en pensant souvent que cet acte est strictement interdit par la religion.

Le don d’organes est un sujet sensible qui fait couler beaucoup d’encre au Maroc. Malgré la loi qui régit ce secteur, les avancées scientifiques et les efforts de la société civile, le Royaume enregistre un retard flagrant en la matière et des milliers de personnes décèdent faute de donneurs.

Manque d’informations ?

A en croire une enquête réalisée par l’Économiste-Sunergia, les personnes âgées de 35-54 ans et de 65 ans et plus sont davantage enclines à faire don de leurs organes. Les jeunes de 18-24 ans et de 25-34 ans refusent davantage de faire don de leurs organes après leur décès.

Pour les raisons du refus, plus de la moitié des personnes qui ne voudraient pas faire don de leurs organes après le décès (59%) n’avancent aucune raison particulière. 20% mettent en avant des considérations religieuses en pensant que c’est Haram. 15% estiment que leurs corps leur appartiennent. 2% ne font pas confiance.

L’islam interdit-il vraiment le don d’organes ?

La réponse à cette question épineuse a été tranchée depuis plusieurs années par les Oulémas de l’Islam comme l’explique Mustapha Benhamza, président du Conseil des oulémas d’Oujda; « le don d’organes a été débattu depuis le début des années 50 dans plusieurs séminaires et conférences comme celles organisées en Malaisie, en Arabie Saoudite ou en Jordanie et qui ont connu la participation de plusieurs Oulémas et érudits comme feu Abdellah Guennoun. L’ensemble de ces Oulémas ont considéré que le don d’organes est un acte de solidarité et de bienfaisance et l’ont même considéré comme une ‘Sadaka Jariya’, une aumône continue, puisque l’organe une fois transplanté continue de vivre dans le corps de la personne qui l’a reçu et permet de préserver sa vie et de l’aider ».

Et d’ajouter « bien évidemment, ce don doit être régi par plusieurs conditions. Tout d’abord, le don doit émaner de la volonté de la personne sans pression ni contrepartie. Le don d’organes d’une personne décédée ou en mort encéphalique doit se faire avec l’autorisation de sa famille et je rappelle que tout cela est régi depuis des années par des textes de lois ».

Avant de conclure, Mustapha Benhamza précise que la religion du donneur ou du receveur n’a aucune importance du moment que cela permet de sauver des vies; « le but c’est de venir en aide à autrui quel que soit sa religion. Par exemple, nos marocains résidents à l’étranger peuvent donner un organe à une personne non musulmane et peuvent recevoir aussi un organe d’une personne non musulmane et cela se fait depuis des années, il n’y a pas de texte religieux qui interdit cela »

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