mercredi 29 novembre 2023

«Assassin’s Creed Mirage»: Quand l’Histoire devient «un grand terrain de jeu»

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Trois années après nous avoir entraînés en Norvège sur la trace des Vikings, la saga Assassin’s Creed catapulte aujourd’hui les joueurs dans l’Irak du IXe siècle, où ils peuvent explorer la «meilleure reconstitution de Bagdad jamais créée», selon l’historien Raphaël Weyland.

À l’instar des chapitres précédents de la saga, Assassin’s Creed Mirage n’est en rien une simulation documentaire ni un produit purement historique. L’intrigue qui se déploie dans Mirage est truffée de fiction, histoire d’en faire une création ludique. Mais malgré ces libertés prises au nom du divertissement, elle demeure solidement ancrée dans l’Histoire, s’articulant autour de faits véridiques et vérifiables. 

Ça, Raphaël Weyland a travaillé durant plus d’un an et demi pour s’en assurer. 

«On essaie d’être aussi proche de la réalité que possible pour fournir aux joueurs une expérience aussi authentique et immersive que possible. Mais on doit évidemment apporter des changements – on a déplacé des bâtiments, des montagnes et des fleuves – pour des questions de jouabilité ou de narration. Notre but, c’est de faire de l’Histoire un grand terrain de jeu», précise l’historien. 

Avant son arrivée en magasin la semaine dernière, le jeu Assassin’s Creed Mirage a mis à profit le travail de 12 studios différents de partout dans le monde. Des 550 employés mobilisés, 120 sont des Montréalais. 

Points d’ancrage de la saga

Depuis quelques jours, les joueurs peuvent donc mettre le cap vers le Moyen-Orient via leur console en empruntant les traits de Basim Ibn Is’Haq, un jeune voleur de Bagdad. Notre héros sera rapidement recruté par «ceux qu’on ne voit pas», une société secrète qui deviendra, deux siècles plus tard, la légion des assassins. Il tentera alors de rétablir l’ordre en Irak, celui-ci étant fragilisé par l’Ordre des Anciens, un groupe répandant la corruption à travers la cité. 

Les mécaniques utilisées pour parvenir à ses fins sont bien connues des adeptes d’Assassin’s Creed: parkour, escalade, assassinats furtifs et combats complexes servent à nouveau de points d’ancrage pour la saga de renommée internationale. 

Mais on pousse aujourd’hui l’exercice encore plus loin. Par souci d’authenticité, Mirage devient le premier chapitre de la saga entièrement jouable en arabe. Et même si l’on choisit de vivre l’aventure dans la langue de Molière – ou celle de Shakespeare –, les dialogues demeurent truffés de mots et d’expressions d’origines multiples: on pense, entre autres, au grec ou au persan dont sont saupoudrés les échanges entre les personnages. 

«Toutes ces langues coexistaient dans le Bagdad du IXe. On a porté une attention particulière à la culture arabe, à l’Islam, à la réalité du Moyen-Orient de l’époque», précise Raphaël Weyland.  

Une culture pas si lointaine…

Et si le Bagdad du IXe siècle peut paraître lointain pour les joueurs actuels, il l’est moins que certains pourraient le croire, précise Raphaël Weyland. L’influence de cette société a traversé les siècles, si bien que le Québec en porte aujourd’hui les traces.  

Des exemples? L’historien en remarque quelques-uns à même sa routine quotidienne. 

«C’est à Bagdad qu’on a créé le premier processus de distillation de parfums. Alors tous les jours, quand ma femme met son parfum, il y a un peu de cette ville sur elle», souligne-t-il.  

«Même chose pour les histoires de Jean de La Fontaine; une de ses grandes inspirations est un livre de fables animalières rédigé à Bagdad au IXe siècle. Quand je lis La Laitière et le Pot au lait à mon fils de six ans, à Longueuil, en 2023, c’est forcément un peu de ce Bagdad-là qui est avec nous», poursuit Raphaël Weyland.

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