Une dernière mesure réalisée au sommet du mont Blanc révèle que le toit de l’Europe a perdu plus de 2 mètres par rapport à 2021. Comment expliquer ce rapetissement ?
Mais qu’arrive-t-il au mont Blanc ? Le célèbre sommet des Alpes serait-il en train de fondre comme neige au soleil ? Eh bien… oui ! Mesuré dernièrement il y a quelques semaines, le plus haut sommet d’Europe n’affiche en effet plus qu’une altitude de 4 805,59 mètres. Soit 2,22 mètres exactement de moins qu’en 2021 (voir l’article ci-dessous).
En 2 ans, le mont Blanc aurait donc rapetissé. Une tendance qui n’est cependant pas nouvelle, comme en témoigne l’historique des mesures réalisées par les Géomètres-experts de Haute-Savoie. Voilà 16 ans maintenant que le sommet perd progressivement de l’altitude. Mais la mesure réalisée cette année apparait toutefois comme un record sans précédent, détrônant celle de 2019 qui était alors déjà considérée comme exceptionnellement basse, avec 4 806,03 mètres.
Une fluctuation normale de l’épaisseur de la couverture neigeuse ?
Phénomène inquiétant ? Non… et oui. Car s’il est normal que l’altitude du sommet fluctue de manière saisonnière et en fonction des années en raison de la variabilité de l’épaisseur de la couche de neige. Il faut en effet bien garder à l’esprit que la mesure est ici réalisée sur la surface neigeuse, et non pas sur le socle rocheux. L’altitude de ce dernier reste d’ailleurs stable, avec une valeur de 4 792 mètres. Les variations de quelques millimètres que l’on peut observer au cours des ans sont liées à la combinaison de deux facteurs : le soulèvement tectonique des Alpes et l’érosion qui affecte le sommet.
L’épaisseur de la couche de neige éternelle est, quant à elle, très variable et dépend des conditions de précipitations et du vent. Dans ce contexte, elle peut également changer très rapidement, en quelques jours, ce qui doit faire considérer ces mesures réalisées à un instant T avec prudence.
Néanmoins, la diminution de l’épaisseur de la couche de neige sur les dernières années est en accord avec un déficit de précipitations et des épisodes caniculaires durant l’été. Une observation qui illustre à quel point les zones de haute altitude sont elles aussi sensibles au dérèglement climatique actuel.
La signature du réchauffement climatique
En juin 2022, des températures de 10,4 °C étaient ainsi enregistrées à proximité du sommet. Des records de chaleur qui entrainent une fonte de la couverture neigeuse, non renouvelée à cause de la sécheresse. Les prochaines années devraient permettre d’apprécier s’il y a effectivement une perte continue de l’épaisseur de glace.
Si la tendance se précise, dans quelques décennies, ce sommet emblématique des Alpes pourrait bien ne plus avoir de « blanc » que le nom.