jeudi 7 décembre 2023

À la frontière avec le Mexique, Biden reprend la construction du mur de Trump

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Le président américain Joe Biden a assuré jeudi qu’il était légalement contraint de poursuivre la construction d’un mur frontalier avec le Mexique, une mesure phare de son prédécesseur Donald Trump et que l’actuel président américain a toujours vivement critiquée.

Le démocrate de 80 ans, candidat à sa réélection, a dit qu’il ne pouvait pas interrompre le financement engagé par le milliardaire républicain, faute d’avoir pu convaincre le Congrès d’employer les fonds pour d’autres mesures.

Le même jour, la Maison-Blanche a annoncé la reprise de vols directs d’expulsion vers le Venezuela pour les immigrés en situation irrégulière, vols qui étaient interrompus depuis des années.

Le secrétaire à la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, a indiqué qu’une nouvelle portion de mur serait érigée dans la vallée du Rio Grande, à la frontière avec le Mexique.

Il existe actuellement un besoin aigu et immédiat de construire des barrières matérielles afin d’empêcher les entrées illégales, a déclaré M. Mayorkas dans un avis officiel publié par le registre fédéral des États-Unis.

Joe Biden a été accusé de volte-face, lui qui avait promis le jour de son entrée en fonctions, en janvier 2021, que le contribuable ne payerait plus pour la construction d’un mur.

Un pas en arrière

Au Mexique, le président Andrés Manuel Lopez Obrador, qui rencontre jeudi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, a dit juger qu’il s’agit d’un pas en arrière.

L’argent était prévu pour le mur frontalier. J’ai essayé de convaincre [les républicains au Congrès] d’allouer les fonds à autre chose, de les rediriger. Ils n’ont pas voulu, s’est défendu Joe Biden.

En attendant, il n’est pas possible légalement d’utiliser cet argent pour autre chose que ce pour quoi il a été prévu, a-t-il poursuivi.

Le démocrate, régulièrement accusé par les républicains de laxisme face à la crise migratoire, a assuré que non, il ne croit pas que construire des murs constitue une solution.

Nous appliquons la loi, a martelé sa porte-parole Karine Jean-Pierre lors de son point presse quotidien.

Dire qu’il s’agit d’un revirement est absolument faux, a déclaré un autre porte-parole de la Maison-Blanche, Andrew Bates, sur X (ex-Twitter).

Donald Trump, rival de Joe Biden et favori de la droite pour la prochaine présidentielle, n’a pas manqué de réagir.

L’annonce de l’administration Biden montre que j’avais raison quand j’ai construit 900  km d’un mur frontalier tout beau, tout neuf, a-t-il écrit sur sa plateforme Truth Social.

Des lois suspendues pour permettre la construction du mur

Le secrétaire à la Sécurité intérieure avait précisé dans l’avis officiel que les fonds viendraient d’une dotation approuvée par le Congrès dans ce but précis en 2019, quand Donald Trump était au pouvoir.

Il a aussi indiqué qu’une vingtaine de lois fédérales, comme des lois sur l’environnement et sur les espèces protégées, devraient être suspendues pour permettre la construction.

Les républicains ont fait de l’immigration un de leurs angles d’attaque favoris contre la Maison-Blanche. L’aile droite du Parti républicain s’oppose par exemple au déblocage de fonds supplémentaires pour l’Ukraine, estimant que cet argent devrait plutôt servir à lutter contre la crise migratoire.

Le sénateur conservateur Lindsey Graham a quant à lui demandé de lier les deux sujets, et ce, alors que le Congrès américain doit voter sur un nouveau budget, et donc sur une éventuelle rallonge pour l’Ukraine, avant le 17 novembre.

La Maison-Blanche s’est toutefois défendue d’utiliser la construction du mur pour marchander le soutien des parlementaires républicains à un nouvel effort financier en faveur des Ukrainiens : Je ne ferais pas le lien entre les deux, a dit Karine Jean-Pierre jeudi.

Concernant le Venezuela, l’administration Biden va reprendre dans les prochains jours les expulsions directes par avion, suspendues depuis des années en raison de la situation sécuritaire très dégradée dans le pays, mais elle n’a pas précisé combien de personnes seraient concernées.

Les Vénézuéliens sont l’une des nationalités les plus représentées parmi les migrants qui arrivent régulièrement à la frontière sud des États-Unis.

Selon l’ONU, plus de sept millions de personnes ont fui le Venezuela depuis l’effondrement de son économie.

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