
Nadia NASSE ALAOUI*
Pour gérer la pandémie au SARS-CoV-2, le confinement des populations a été adopté par la majorité des nations ce qui a mis le monde à l'arrêt.
Comment un tel arrêt à t-il pu servir comme preuve optimiste et opérationnelle pour une amélioration de notre avenir environnemental?
Aujourd’hui, six mois après l'alerte lancée le 9 janvier 2020 par l'OMS (l'Organisation Mondiale de la Santé), près de trois milliards de personnes enfermées à domicile dans une cinquantaine de pays, des rues désertes, des usines à l'arrêt, des avions alignés dans les hangars, les bateaux de croisière arrimés, l'eau des canaux est redevenue limpide, des animaux sauvages observés dans certaines villes : un puma à Santiago du Chili, les sanglier dans les rues de Rabat, ou encore une civette en Inde, des milliers de flamands roses se sont posés dans la zone marécageuse bordant la ville indienne de Navi Mumbai…
Si cette pandémie de coronavirus a eu un impact immédiat très fort sur notre quotidien, son impact sur l’environnement est certes palpable mais pourra t-il être chiffré?
La Chine, le plus grand pollueur du monde et source de l'épidémie de coronavirus, est le premier pays à réduire son taux de pollution environnementale où le charbon est la principale source de production d'électricité.
La pandémie a conduit à l'arrêt des usines et des centrales électriques polluantes, mais aussi à l'interruption des vols aériens responsables de 2,4 % des émissions mondiales de CO2 et de gaz à effet de serre ; Cet arrêt a concerné au même temps une grande partie de la circulation automobile et a mis brutalement à l'arrêt le système productif mondial, un résultat que les multiples sommets mondiaux, engagements, réunions et tergiversations incessantes n'ont jamais pu accomplir, de quoi donner à la planète un instant de répit.
La dernière analyse du site web anglais Carbon Brief indique que les 4 premiers mois de l'année 2020 ont vu les émissions mondiales de CO2 issues de la combustion de combustibles fossiles et de la production de ciment diminuer de 1 048 millions de tonnes (MtCO2), soit 8,6 % de moins qu'à la même période en 2019.
De son coté, la Nasa a publié les cartes des principales zones chinoises frappées par le coronavirus qui montrent une forte chute des émissions de dioxyde d'azote, un gaz « réchauffeur » et une nette réduction des émissions de gaz carbonique.
Selon le Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA, basé en Finlande), les émissions mondiales de CO2 sont passées de 400 à 300 millions de tonnes sur les deux dernières semaines du 3 au 16 février 2020 par rapport à la même période l'an dernier. Ce qui représente 6% de moins des émissions mondiales pendant ce laps de temps. Cette performance est due essentiellement à une baisse de consommation du pétrole, du charbon et du gaz.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit un déclin mondial de 8 % des émissions des gaz à effet de serre sur l’ensemble de l’année 2020.
Ce sont des résultats indirects d’un virus de taille microscopique qui a le pouvoir d'influencer le climat de la Terre entière. Quoique cette pandémie soit perçue pour quelque uns comme crise, mais elle est aussi une bouffée d'air frais à la planète.
En Chine, l’épidémie a paradoxalement épargné plus de vies que de décès qu’elle a provoqués puisque 1,1 million de personnes en moyenne meurent chaque année victimes de la pollution; un tel phénomène remarqué à travers le monde d’une façon homogène.
Il est temps que l'environnement tire profit de cette crise sanitaire, que les acteurs et parties prenantes s’impliquent et travaillent ensemble et pensent à redémarrer la machine, pour en emprunter un chemin différent.
C’est alors l'occasion d'analyser ces effets bénéfiques sur le climat et la biodiversité et de penser à l'après-coronavirus pour un futur climatique meilleur de notre planète.
*Doctorante-chercheur en gestion des risques
Sources et références
• Analysis: Coronavirus set to cause largest ever annual fall in CO2 emissions - CarbonBrief
• What does it take for the coronavirus (or other major economic events) to affect global carbon dioxide readings? - Scripps Institution of Oceanography, UC San Diego
• Can we see a change in the CO2 record because of COVID-19? - NOAA
• Le Queré, C. et al. (2020) Temporary reduction in daily global CO2 emissions during the Covid-19 forced confinement, Nature Climate Change, doi/10.1038/s41558-020-0797-x
• Coronavirus COVID-19 : quel impact sur les émissions de CO2 et le changement climatique ?; 24/05/2020 - wwww.notre-planete.info