jeudi 18 avril 2024

Les 19èmes Jeux Méditerranéens d’Oran mal partis

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A un mois et quelques jours de leur ouverture officielle, les 19 èmes jeux méditerranéens d’Oran (25 juin-5 juillet 2022) semblent mal partis. En cause, des infrastructures insuffisantes et une organisation défaillante qui déclinent une incapacité de l’Algérie à organiser des événements de cette envergure.

Le verdict ne s’est pas fait attendre. Après un moment de doute, la décision prise par quelques équipes de certains pays de se retirer de ces jeux, est venue perturber la sérénité des autorités algériennes, qui n’ont cessé de fanfaronner que tout est fin prêt pour accueillir ce rendez-vous sportif dédié au « rapprochement » des peuples du bassin méditerranéen.

La décision de trois fédérations de sports équestres, et non des moindres (de la France, de l’Espagne et de l’Italie) qui ont renoncé à la participation à cette manifestation sportive en raison « de garanties attendues qui n’ont pas été apportées par les organisateurs », a mis les organisateurs algériens dans l’embarras, faussant tous leurs calculs.

La sanction est on n’en peut plus logique, car elle reflète l’impréparation qui a accompagné ce qui est supposé être une vitrine pour soigner l’image du pays à l’international.

Cette opération de marketing politique qui coïncide avec les célébrations du 60e anniversaire de l’indépendance du pays, à laquelle s’est investi pleinement le pouvoir en place pour assurer la pleine réussite de l’événement, est en train de refléter le contraire de ce qui est attendu.

La décision non surprenante de certaines fédérations sportives de l’Union Européenne (UE), qui ont annoncé leur retrait de ces jeux pour « insuffisance de garanties attendues« , ont accentué le malaise des autorités algériennes qui n’ont pas trouvé mieux que dénoncer les raisons superfétatoires invoquées.

Le commissaire des JM d’Oran, Aziz Darouaz, a préféré la fuite en parlant de « complot » et condamnant les raisons du forfait de la France et de l’Espagne tout en mettant en exergue les capacités d’organisation de l’Algérie.

Aziz Darouaz n’a pas en revanche apporté des réponses aux principaux griefs qui sont à l’origine de la décision exprimée par la France, l’Espagne et l’Italie, à savoir « l’absence de garanties attendues qui n’ont pas été apportées par les organisateurs« .

Mais il est vrai qu’un tas d’interrogations restent posées à l’instar du nouvel aéroport d’Oran et d’autres infrastructures comme celles sportives, de transport et d’autres.

Sur ce point précis la décision de la Fédération Française d’Equitation (FFE) a été on n’en peut plus justifiée. Le communiqué publié jeudi dernier ne souffre d’aucune ambiguïté. On y lit notamment qu’ « après concertation avec le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) et le staff fédéral de saut d’obstacles, la Fédération Française d’Equitation (FFE) a pris la décision de renoncer à la participation de l’équipe de France à ces Jeux méditerranéens d’Oran.

Malgré les multiples démarches entreprises tant au niveau sportif qu’administratif, au même titre que d’autres équipes européennes comme l’Espagne ou l’Italie, les garanties attendues n’ont pu être apportées par l’organisateur.

En l’absence d’un programme sportif spécifique du Comité d’Organisation des Jeux méditerranéens d’Oran et d’un dispositif logistique et sanitaire garantissant le bien-être des chevaux, « c’est à regret que la FFE a pris cette décision ».

Au fur et à mesure que la date de cet important rendez-vous s’approche, les difficultés des organisateurs ne font que s’accentuer sous l’effet de la conjugaison de plusieurs facteurs.

Il y’a tout d’abord le grand retard pris dans la mise en œuvre des infrastructures nécessaires pour le bon déroulement de ces jeux, l’accueil des délégations ou tout simplement dans la mobilisation d’une logistique adéquate.

Balbutiements d’organisation, appels d’offres infructueux, équipements à la traîne. Même si les autorités algériennes ont finalement autorisé un recours massif au gré à gré pour rattraper tous les retards accumulés au niveau de l’organisation des compétitions des Jeux Méditerranéens d’Oran, il semble que le pari est loin d’être gagné.

Pourtant, depuis l’attribution au mois d’août 2015 de ces jeux à Oran, le pays a eu suffisamment de temps pour mener à bien cette entreprise. La pandémie de Covid-19 a au moins le mérite d’accorder un délai supplémentaire d’une année aux organisateurs, rien n’y est fait ou presque.

Il faut dire que depuis des mois, la sonnette d’alarme a été tirée rappelant les autorités algériennes à leurs responsabilités. C’est le cas notamment de Davide Tizzano, président Comité international des Jeux méditerranéens (CIJM), qui a demandé il n’y a pas longtemps des « solutions immédiates ».

Dans son rapport régulier, le président du Comité de coordination des Jeux méditerranéens « Oran 2022 » et 2e vice-président du CIJM, M. Bernard Amsalem, a fait part de sa préoccupation et de son inquiétude face aux retards de construction des infrastructures, d’achèvement des appels d’offres, de mise en place de programmes de technologie et de transports.

En dépit de la reprise en main du dossier par le président algérien en personne, de la mise en place de comités et agences ad hoc et la nomination en octobre 2021 de Mohamed Aziz Derouaz en tant commissaire des jeux puis en décembre, la mise en place d’un  » comité de suivi des projets » pour le sauvetage de cette 19ème édition, le résultat final est loin d’être flatteur.

En témoigne aujourd’hui le désarroi des autorités algériennes qui, à défaut d’arguments, présentent de mauvaises pistes. En tournée récemment à Bejaia, le ministre algérien du Tourisme, Yacine Hammadi, n’a pas écarté de combler le manque flagrant en capacité hôtelière par le recours à l’utilisation des campings d’été.

En témoigne enfin la situation environnementale préoccupante de la ville d’Oran. Boulevards et avenues dans un état de délabrement avancé et croulent sous l’amoncellement de saletés de détritus.

La question que de nombreux se posent aujourd’hui se réfère à l’inadéquation entre l’ambition recherchée par les pouvoirs publics d’instrumentaliser ces jeux et la réalité du terrain.

Plus grave, sera-t-il possible avec cette succession de défaillances que le pouvoir arrive à faire un bon marketing politique et à préserver le prestige de ces jeux ?

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